À propos de rigueur journalistique : mes questions au chef du JDM

https://www.lesaffaires.com/dossier/agri-agro-2021/poussent-poussent-poussent-les-serres-du-quebec/624208

Derrière les belles paroles et les beaux gestes se déploient le mensonge

Ben oui, tous les politiciens, tous les gens d’affaires, tous les milliardaires et tous les médias privés sont pour la vertu. Ils prêchent tous en chœur pour moins d’inégalités économiques, plus de justice fiscale, plus de protection de l’environnement, plus de démocratie, plus de transparence, plus de concurrence entre les agents économiques, pour la paix dans le monde, plus d’économie verte et durable, plus d’enrichissement collectif et autres ambitions vertueuses à faire pleurer. Oui, ils sont des ardents défenseurs de toutes ces belles choses mais il ne faut pas toucher à leurs paradis fiscaux, il ne faut pas hausser l’impôt et les taxes des compagnies et des très riches mais il faut accroître leurs subventions gouvernementales; il faut moins de règlementation et pour plus de liberté pour le entrepreneurs créateurs de richesse; il faut encourager les privatisations et surtout pas les nationalisations, il faut moins d’État et donc moins de services publics; il faut plus de traités de libre-échange pour les entreprises et autres hypocrisies du genre.

De belles paroles qui ne sont que du vent et de la poudre aux yeux véhiculés au bon peuple, grâce à la collaboration de nos chers médias d’information afin de vous laver la cervelle et d’obtenir ainsi votre adhésion à la totale servitude économique, politique et sociale au projet de société voulu et exigé par les divas et les pachas.

L’exemple de Bell qui cause mais pas plus

Prenez l’exemple pitoyable de Bell qui, chaque année, nous assomme des milliers de fois avec sa publicité tapageuse qui nous invite à causer pour la cause de la santé mentale en prenant bien soin de choisir les cas les plus tristes afin de nous embarquer dans sa cause qui n’est qu’un autre outil de marketing. Bell cause pour la cause, voilà le problème. Elle veut causer mais sans aborder le manque criant et permanent de ressources humaines et financières en santé mentale que l’on pourrait vraiment soigner en haussant l’impôt des grosses compagnies, en coupant le déluge de subventions qui leurs sont versées, en stoppant l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, en abolissant les nombreuses tactique d’évitement fiscal, en augmentant le salaire minimum et en réduisant les salaires astronomiques des patrons. Ah non, pas question pour Bell d’adhérer à ces mesures «socialistes» qui vont tuer l’esprit d’entrepreneurship et qui vont prendre en otage nos créateurs de richesse. Alors Bell va continuer à placoter pour la cause mais sans s’attaquer à la racine du problème. Idem pour l’autre sulfureuse entreprise qui se fait un devoir de vouloir aider à intégrer fraternellement les immigrés et en accueillir beaucoup plus car les travailleurs étrangers représentent pour elle et les autres du cheap labor. Parlez-en aux banques qui sont expertes dans le domaine.

Prenons le cas de la rigueur journalistique postulée au JDM

Encore de belles paroles afin de vous remplir comme des «containeurs» qui ont été cette fois formulées par Dany Doucet, le rédacteur en chef du Journal de Montréal (JDM) le 16 décembre 2022. Monsieur Doucet nous a alors récité le catéchisme du travail journalistique prévalant supposément dans nos médias privés occidentaux et appliqués religieusement en tout temps, en tout cas au JDM. Dany Doucet s’est malheureusement laissé emporter par ses émotions. Il en a beurré trop épais, tellement que ça fait rire. Je vous cite quelques extraits de son homélie parue dans le JDM : «Dans une démocratie comme la nôtre (sic), le rôle des médias (privés détenus par des oligarques) est de surveiller les énormes pouvoirs des institutions, notamment le gouvernement». Dany, les transnationales comme les banques, les pétrolières, les pharmaceutiques, les épiceries, etc., ont plus de pouvoir, sont plus riches que les gouvernements mais par contre sont de bons gros publicitaires pour les organes d’information et qui se permettent même s’acheter des publireportages. Alors il faut les ménages et ne pas trop les irriter.

Et Dany Doucet qui continue sur sa lancée

Dixit Dany Doucet : «Nos journalistes posent des questions difficiles. C’est notre rôle de questionner, et nous ne nous laisserons jamais intimider par qui que ce soit dans la poursuite de notre mission publique». Parlant de poser des questions difficiles, je vais, Dany, afin de t’aider dans ta réflexion sur la démarche journalistique rigoureuse, objective et indépendante, te donner l’exemple concret d’un article rédigé par ton journaliste François Halin et publié dans ton journal le 20 janvier 2023 dans lequel il n’a pas osé poser aucune question difficile. Ça s’apparente à un publireportage qui n’a aucune valeur informative sérieuse sinon de faire sinon de faire de la pure propagande, J’y reviens plus loin dans mon texte. Vous allez me donner raison, cet article est une vraie farce comme il y en a malheureusement trop dans nos médias démocratiques privés (mais subventionnés par l’État) malgré les prétentions formulées à l’effet contraire.

PKP et le chroniqueur émérite s’en mêlent

Même le riche propriétaire majoritaire de Québecor, de Vidéotron, de TVA et du JDM, Pierre-Karl Péladeau (Le Devoir, 22 décembre 2022) et l’illustre chroniqueur au Journal, Michel Girard (Journal de Montréal, 20 décembre 2022) ont tenu à rappeler au tout puissant ministre caquiste Pierre Fitzgibbon, tous les principes de la rigueur et de l’objectivité de nos médias privés dans absolument tout : tant dans le choix des sujets à traiter, des personnes et experts à interviewer, des questions à poser, du travail de recherche à faire, etc. À vrai dire, à lire leurs récits, on en vient à perdre patience et à se dire : ces personnes pensent-elles vraiment ce qu’elles disent? Sur quelle planète vivent-ils? Nous prennent-ils pour des pieds de céleri?

L’article en question : loin des prétentions des bonzes du JDM

Afin de dénicher un article du JDM qui est tout le contraire des contes est des légendes du propriétaire Pierre-Karl Péladeau, du rédacteur en chef du JDM Dany Doucet et de son vénérable chroniqueur Michel Girard, je n’ai pas eu à faire beaucoup de longues et fastidieuses recherches. Bang, tadam, je suis tombé sur le papier de Francis Halin publié le 20 janvier 2023 et intitulé : «Une serre en verre de 6 millions$ capable de nourrir 1000 familles. La structure sera entièrement fabriquée au Québec». Un article à l’eau de rose qui est dans les faits une infopublicité. Un autre supposé article rigoureux publié dans nos médias afin de vous endoctriner et de vous faire avaler, sans aucune étude sérieuse, et sans aucune consultation, le bien-fondé des serres pour certains mais qui sera à la charge de l’ensemble de la population du Québec et surtout des consommateurs résidentiels d’électricité qui verront leur facture d’Hydro-Québec augmenter en raison des tarifs bonbons accordés à ces fameuses et fabuleuses serres qui sont censées assurer notre autonomie alimentaire au niveau des fraises, des concombres, des poivrons, etc. Tout n’est que leurre.

Tout de suite dans le titre de l’article, ledit journaliste Francis Halin donne le ton en disant que la future serre va nourrir 1000 familles comme si avant elles ne mangeaient pas. Une organisation charitable que cette serre privée à but lucratif qui va nourrir 1000 familles gratuitement? Pour rallier votre consentement et faire jaillir chez vous l’allégresse, le journaliste insiste : la structure sera entièrement fabriquée au Québec par un entrepreneur de la province mais qui utilisera des produits de fabrication venus d’ailleurs. Et le journaliste de nous parler de la «famille tissée serrée de cinq enfants de Rigaud». Le conjoint était avant entrepreneur en construction et son épouse diplômée en architecture et puis paf, devant l’annonce des subventions et des bas tarifs d’électricité, ils se sont recyclés dans le domaine des serres comme tant d’autres. Lisez l’article et vous allez le constater par vous-même : un article qui va probablement donner lieu à une télésérie à TVA.

Où sont les questions difficiles du journaliste?

Dans un article vraiment sérieux qui est conforme aux principes de rigueur journalistique formulés par Dany Doucet et du JDM, le journaliste, au lieu de se comporter comme une éponge, aurait dû mentionner les tarifs préférentiels accordés par Hydro-Québec aux serres par rapport à ceux facturés aux consommateurs résidentiels du Québec et calculer le coût réel de cette aide gouvernementale accordée aux serres en plus des autres subventions liées à la construction de la structure. Le journaliste aurait dû faire la différence entre le prix payé par Hydro-Québec aux éoliennes privées et les tarifs consentis aux serres privées afin de voir ce qu’il en coûte aux Québécois. Ledit journaliste aurait dû dire au lecteur que les serres embauchent en grand nombre des travailleurs temporaires étrangers payés à un salaire de misère comme il est signalé dans ce texte du Devoir publié le 23 janvier 2023 : «Immigration. Temporaires en permanence». Aie on est loin des jobs à 100 000$ l’an consentis à des Québécois comme en rêve François Legault. Vraiment pathétique comme article qui est très loin des prétentions de rigueur journalistiques énoncées par certains petits comiques. Et ça se permet de nous faire la morale. Au lieu d’intituler son article  «une serre capable de nourrir 1000 familles», il aurait été préférable de l’intituler ainsi : «Sans cette serre, Hydro aurait pu chauffer 1000 maisons à la place».

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