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Les «top guns» du privé au gouvernement pour plus de démocratie
À la CAQ comme au PLQ, les ministres importants provenaient et proviennent tous du privé. C’est un «must». Au PLQ, il y a eu les banquiers Leitao, Gignac et Coiteux et les affairistes Bachand, Hamad, Daoust et cie. À la CAQ, il y a le banquier Éric Girard ainsi que Dubé, Fitzgibbon, Legault et de nombreux autres. Évidemment, ces gens embauchent leurs amis du privé comme consultants ou les nomment à des postes importants dans nos sociétés d’État et dans la fonction publique. C’est ainsi que suite à leurs judicieux conseils on privatise de plus en plus nos instruments collectifs et nos services publics après avoir baissé les impôts pour s’assurer de leur sous-financement. Ils appellent ça moderniser l’État afin de le sortir de son immobilisme. Leur devise est «moins d’État, plus de privé», telle que préconisée et imposée par le patronat. Et s’ils font une bonne «job», le privé les embauchera après leur carrière politique. Il faut donc prioriser le bien-être privé. Et pour le bien commun, il sera assumé, qu’ils disent, par la privatisation et par la venue des «top guns» du privé afin de gérer l’État, les services publics et la fonction publique.
Legault l’a dit : l’État en fait trop
Pour ces politiciens inféodés, l’État sera toujours trop gros et le privé trop petit, même les Exxon Mobil, Pfizer, Google, Amazon, la Royal Bank et aussi la transnationale canadienne Power Corp., dont la famille Desmarais en a le contrôle majoritaire et qu’un de ceux-ci a épousé la fille de Jean Chrétien. Je vous l’ai dit, politiciens et gens d’affaires forment un couple offrant plein de synergies et d’opportunités. Ah oui, offrant plein de synergies, l’État est toujours trop pauvre pour financer adéquatement les programmes sociaux mais assez riche, hélas, quand vient le temps de subventionner avec des fonds publics des transnationales comme la Fonderie Horne, Amazon, Google, Merck, etc. Pour le patronat, il ne faut pas couper dans les généreuses subventions au privé. Mieux vaut gruger dans les programmes sociaux. Pour celui-ci, subventionner le privé est un investissement et le financement des services publics constitue une dépense qui ne rapporte rien, à court et à long terme.
Alors, c’est dans cet état d’esprit pragmatique que François Legault, afin de justifier la santé et l’éolien cédés au privé par le gouvernement caquiste, a largué cet argument choc et pathétique : «Je trouve que l’État québécois est déjà impliqué dans beaucoup de choses, on va laisser ça au privé» (Le Devoir, 28 janvier 2023). Toute une justification, n’est-ce pas? Ça fait dur et ses super-ministres Pierre Fitzgibbon, Éric Girard et Christian Dubé, sont pareils.
Les Américains Jeff Bezos et Elon Musk peuvent tout faire et ne sont jamais trop gros
Monsieur Legault, dites-moi dans quoi au juste l’État québécois est-il trop impliqué? Et au nom de quel a priori, nous, collectivement, soit les 8 millions de Québécois, on ne peut pas être dans plusieurs domaines, au nom de l’intérêt collectif, alors que des entreprises et des gens comme la famille Desmarais de Power Corp., Jeff Bezos d’Amazon, Elon Musk de Tesla et d’autres peuvent être présents dans plusieurs secteurs d’activités? Est-ce que certains lecteurs avertis peuvent fournir des réponses à mes questionnements que j’estime légitimes?
Prenons l’exemple de Jeff Bezos des États-Unis, principal actionnaire de la transnationale du commerce en ligne Amazon (qui représente plus de 40% des achats effectués par Internet au Québec) qui lui, mais pas nous collectivement, peut également être présent dans plusieurs autres domaines comme les centres de données et l’infonuage subventionnés par Legault et à qui le ministre caquiste Éric Caire veut en plus lui céder les données personnelles des Québécois et du gouvernement. Ben non, l’État n’est pas capable de créer son propre centre de données et, pour plus de sécurité, stocker lui-même ses propres informations. Et il y en d’autres dans lesquels monsieur Bezos s’active comme :
- «Amazon veut offrir de l’assurance automobile au Québec» (Le Devoir, 20 février 2022);
- «Amazon va investir 10 milliards $US dans l’espace (3000 satellites afin d’offrir l’Internet partout dans le monde)» (Le Devoir, 1er août 2020);
- «Le rachat de Whole Foods (détaillants) par Amazon (pour 14 milliards $US) se fera bientôt sentir» (Le Devoir, 25 août 2017);
- «Amazon se lance dans la pharmacie et la vente de médicaments» (Le Journal de Montréal, 17 et 18 novembre 2020);
- «Amazon s’offre le studio Metro-Goldwym-Mayer (MGM) pour 8,5 milliards $US» (Le Devoir, 27 mai 2021).
Et cette liste ne prétend pas être exhaustive. Alors pourquoi Amazon peut opérer dans plusieurs domaines et pas nous collectivement par le biais de l’État? De l’idéologie asservissante au profit des ploutocrates qui dirigent le monde occidental. Dites-moi, la privatisation d’Air Canada, du CN, de Pétro-Canada, de Canadair et de Télésat (satellites) et de Téléglobe, pour des pinottes et sans débat public, a profité et profite à qui?
Idem pour l’oligarque américain Elon Musk, qui détient Starlink (satellites), Space X, Tesla, Twitter, etc. Lui peut être présent dans tout mais pas nous? Bah, après tout, colonisés par les par les Américains Bezos, Musk, leurs GAFAMS, pétrolières et pharmaceutiques, c’est correct. Ce ne sont pas des Chinois ou des Russes, n’est-ce pas?
Idem pour la famille Desmarais de Power Corp.
Ben oui, la transnationale canadienne Power de la riche famille québécoise Desmarais peut être active dans plusieurs affaires, mais pas l’État québécois. En fait, Power Corp. et la famille Desmarais sont présents dans plus de domaines que le gouvernement québécois et ça c’est correct, même préférable pour des politiciens asservis et subordonnés comme Legault, Charest et cie. Comment des politiciens issus du privé peuvent-ils, tout d’un coup, prioriser le bien commun et les services publics?
Par exemple Power Corp. est le principal actionnaire privé de la transnationale pétrolière française Total aux dires même de l’ex-ambassadeur des États-Unis au Canada, David Jacobson (Le Devoir, 11 mai 2011. «Politiques énergétiques. Jusqu’où va l’influence de Power?»). Power est aussi un actionnaire important dans la transnationale française de arment et de béton Lafarge qui a été accusé de faire des affaires avec l’État islamique en Syrie et d’Engie (Gaz-de-France, Suez, Lyonnaise des eaux, etc.) qui fait dans les services publics comme l’eau, la santé, les aéroports, les autoroutes, etc. Ah oui, Power est aussi actionnaire de Pernod Ricard.
Au Canada, Power est un très important assureur (Great West, Canada Life, London Life) et un gros gestionnaire d’actifs (Investors et Mackenzie Group). En tant qu’assureur, la privatisation de la santé et autres services publics l’intéresse comme il l’a souligné lui-même en 1997 : «La Financière Power investira dans les services publics» (La Presse, 16 mai 1997). Aussi, Power contrôle LMPG (anciennement Lumen Pulse), qui a des intérêts dans le fabricants d’autobus électriques Lion, dans la clinique médicale Dialogue, dans la firme d’hydrogène TES, etc., et s’est encore plus diversifié en 2022 en achetant Courchesne Larose : «Power investit dans la distribution et l’importation de fruits et légumes» (Le Journal de Montréal, 20 décembre 2022). Quand est-ce que nous allons prendre collectivement nos affaires en main et arrêter de se faire mener et arnaquer par les pontifes de tout poil et leurs politiciens embrigadés?