
L’impossible indépendance et impartialité des médias d’information
Bon, on s’entend là-dessus à l’effet que les médias d’information écrits et parlés détenus et financés par l’État ou par le privé ne sont pas des modèles, par essence, des modèles de neutralité, d’indépendance, d’objectivité et de biais, que ce soit en Chine, en Russie, au Canada, à Cuba, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Aie, il ne faut pas nous prendre pour des imbéciles. Vous n’allez pas me dire que les médias privés détenus par des milliardaires comme Péladeau (Journal de Montréal, TVA et LCN), Murdoch (Wall Street Journal et Fox New), Elon Musk (Twitter), Drahi (L’Express et Libération), Boloré (C-News, Europe 1 et Paris Match), Bezos (Washington Post et Amazon), Bloomberg, Torstar, POstmedia au Canada détenu par un fonds spéculatif américain et d’autres sont en tout temps et en toute circonstance exempts d’ingérence directe ou indirecte de leurs propriétaires qui prennent bien soin de nommer les bonnes personnes à la tête de leur empire médiatique et qu’ils sont des références en termes de professionnalisme et d’indépendance? Ben non, quand c’est détenu par le privé, les propriétaires n’interviennent jamais dans leurs propres médias comme Elon Musk chez Twitter et Rupert Murdoch chez Fox News. Jamais au grand jamais, la famille Desmarais de la transnationale Power Corp. s’est ingérée dans les affaires internes des journaux qu’ils détenaient jadis, comme La Presse, Le Soleil, Le Droit, le Nouvelliste, La Tribune, même si lors de la campagne référendaire en 1995, le président et éditeur de La Presse, Roger D. Landry, avait affirmé qu’il ne tolérerait pas que ses journalistes signent des chroniques et des éditoriaux en faveur du OUI (souveraineté du Québec) car sa position et celle des propriétaires Paul Desmarais sont identiques : nous sommes fédéralistes (La Presse impose le NON. Le Devoir, 4 septembre 1995). Allô liberté de presse!
Le summum de l’objectivité : les médias privés occidentaux
Ben non, les propriétaires milliardaires de nos médias occidentaux ne sont nullement et en aucun temps influencés par leurs bons amis, également très riches et très puissants, par leurs très gros publicitaires, par Google, Apple, Facebook et Microsoft qui les financent et aussi par les gouvernements qui les subventionnent de plus en plus. Tout est étanche et blindé qu’ils prétendent. Ai-je une poignée dans le dos?
- «Le Devoir s’associe à Apple News+» (Le Devoir, 7 juillet 2020);
- «Le Devoir reçoit du Groupe Transat le plus important don de son histoire» (Le Devoir, 19 septembre 2018);
- «Huit postes à La Presse canadienne grâce à une bourse de Facebook (Meta)» (Le Devoir, 17 juillet 2020);
- «Québecor veut que ses médias spécialisés (sac de chips, Billie, Silo 57, Pèse-sur-strat, En 5 minutes, etc.) aient accès à un crédit d’impôt (c’est-à-dire une subvention en argent du gouvernement)» (Radio-Canada, 1er octobre 2021).
Il faut que nos médias arrêtent de se moquer du monde
Aie, déjà en 2004, la population canadienne savait très bien que nos médias ne sont pas de prototypes par excellence de la vertu : «Les médias jugés influencés par les riches et les puissants» (La Presse, 15 juin 2004). Tout le monde sait ça, sauf nos hypocrites organes de presse. Idem en 2022 : «Les Québécois de plus en plus méfiants envers les médias (avec raison)» (Le Devoir, 22 mars 2022). Même si nos médias sont de plus en plus dépendants de la publicité et des publireportages qui vont en s’accentuant, no problem, ils sont supposément impermédables aux pressions externes de qui que ce soit, même si déjà en 1997, l’ex-président de la Banque Nationale, André Bérard, avait dit la vérité crûment : «Bérard invite les gens d’affaires à acheter des articles dans les journaux» (Le Soleil et La Presse, 13 novembre 1997).
Twitter d’Elon Musk et Fox News de Rupert Murdoch
Mes amis, les médias privés sont des compagnies à but lucratif. Alors pour réaliser plus de profits, ils vont publier des trucs payants afin d’élargir leurs auditoires et d’attirer plus de publicité. Ils vont aussi sélectionner avec précaution et teinter les événements nationaux et internationaux qui plaisent à leurs lecteurs, auditeurs, publicitaires et financiers, quitte à savoir pertinemment qu’ils mentent comme l’a fait Fox News sur le pseudo-vol des élections américaines de novembre 2020 véhiculé par Donald Trump, même si le propriétaire Rupert Murdoch et ses journalistes savaient que c’était totalement faux. Ils ont persisté à mentir, car cela amenait beaucoup d’auditeurs, de cotes d’écoute et donc de publicité : «États-Unis. Fox News et la post-vérité à la barre» (Le Devoir, 18 avril 2023). Quant à Elon Musk, lors de l’achat de Twitter, il a réadmis sur son réseau des gens et des groupes qui font dans la désinformation, le complot et les mensonges afin d’augmenter ses revenus. Pis au diable l’éthique journalistique.
À la demande du chef du parti conservateur du Canada, Pierre Polievre, l’américain Elon Musk, propriétaire de Twitter, Tesla, Space X, Starlink et d’autres a accepté de désigner CBC sur son réseau de «média financé par le gouvernement» (Le Devoir, 13 avril 2023). Cette mention affichée par Elon Musk de Twitter laisse clairement sous-entendre que quand un média quelconque est financé par le gouvernement, on est alors automatiquement en présence de désinformation, de propagande, d’idéologie, de faits alternatifs, de biais, de vérités parallèles, etc., soit tout le contraire d’un organe de presse détenu par un milliardaire ou une entreprise privée. Totalement loufoque et pathétique d’affirmer ça sérieusement.
Mentionner en tout temps qui est propriétaire et qui finance
Moi je n’ai rien contre que l’on mentionne que c’est en tout ou en partie financé par l’État mais pour être cohérent et pour que le lecteur sache à quoi s’attendre, on devrait partout et en tout temps mentionner qui est le propriétaire du médias privé et combien il reçoit directement ou indirectement des gouvernements, des publicitaires, des GAFAMS et autres grandes entreprises, etc. Il faudrait aussi que nos médias écrits et parlés mentionnent qui financent les ONG occidentales, les chaires universitaires, les fondations, les organismes sans but lucratif (OSBL), les experts, etc., et dans quelle proportion afin que le lecteur ou l’auditeur puisse se faire une idée. En conclusion, c’est se couvrir de ridicule que d’affirmer qu’un média privé détenu par un oligarque, que ce soit en Occident, en Russie ou en Chine, est nettement plus objectif que celui détenu et financé par le gouvernement. Tous les médias partout dans le monde sont partiaux et biaisés, sont porteurs d’une certaine idéologie et versent dans la propagande.