
Carte de fête de Michel Chartrand
En fouillant dans mes papiers, j’ai retrouvé cette belle carte de fête que mon ami Michel Chartrand m’avait adressée le 27 novembre 1996 pour mes cinquante ans. De sa belle écriture il m’avait écrit ces beaux mots émouvants. Peut-être vais-je faire des jaloux (avec raison) car je me considère tellement chanceux de l’avoir eu comme ami pendant environ vingt ans, d’avoir prononcé plusieurs conférences avec lui et de l’avoir eu comme mentor pour me guider, m’instruire, me botter parfois le cul et de m’avoir communiqué son amour infini de l’ouvrier et du monde ordinaire, sa simplicité, son authenticité et son courage afin de dénoncer et de combattre les profiteurs, les seigneurs féodaux, les «smattes» et, comme il le disait souvent, les faiseux, les crossentins, les mécréants et les scélérats. Je pense encore avec nostalgie aux nombreux repas, parfois arrosés, pris ensemble et les fois qu’il débarquait dans mon bureau à l’UQAM. Oui, j’ai eu de la chance de le côtoyer et d’avoir aussi eu comme amis des gens comme Paul Rose, Colette Legendre, Richard Desjardins, Armand Vaillancourt, Gaston Miron, Pierre Klepock, Pierre Dubuc, Claude Saint-Laurent, Anne Villeneuve, Andrée Bergeron, Émile Boudreau et d’autres que j’oublie et qui étaient également amis de Michel Chartrand. Belle petite gang!
Voici les beaux mots de Mimi
Mon cher Léo-Paul,
Aurore-coucher du soleil, tu es un phare dans la nuit du Québec financier matérialiste.
Puisses-tu prolonger ton demi-siècle vers un apogée nonagécure. C’est le moins d’années que je te souhaite emplies de bonheur au service de notre peuple. «Jour et nuit, été, hiver il faut dormir le cœur ouvert» (Gilles Vigneault).
Fraternellement, Michel Chartrand.
Richelieu, le 27 novembre 1996.
Rejeté par les médias. Pourquoi donc?
Il y a environ 40 ans, oh la la que j’étais bien vu par les médias écrits et parlés qui publiaient mes études socio-économiques sur les banques, les pharmaceutiques, les pétrolières, les épiceries, la fiscalité, les inégalités économiques, etc. J’ai été aussi chroniqueur pour des médias écrits et parlés comme Métro, Le Journal de Montréal, Radio-Canada, le 98,5 FM, etc. Tout allait tant que je limitais mes critiques à l’intérieur d’un certain cadre qui ne doit pas remettre en question les fondements structurels du capitalisme, de la mainmise des transnationales et des oligarques occidentaux sur nos politiciens et sur nos médias, qu’ils détiennent bien souvent. Pas touche aussi au folklore de nos pseudo-démocraties qui ne sont qu’un leurre étant dirigées par la classe dominante. Il ne faut pas remettre en question l’indépendance et l’objectivité de l’Agence France-Presse, de la Presse Canadienne et de nos médias québécois.
Oui, il m’était autorisé de critiquer les baisses d’impôts, les paradis fiscaux, les coupures dans nos programmes sociaux, la place du privé en santé et en éducation, la privatisation à gogo d’Énergie Atomique et d’Air Canada, du CN, de Télésat, de Pétro-Canada, de Téléglobe, des Arseneaux Canadiens, etc. Mais, afin de ne pas passer pour un hurluberlu, un rêveur et un communishe, il fallait surtout pas parler de choses futiles et ennuyantes, qui déplaisent aux publicitaires et aux propriétaires des médias, comme nationaliser nos ressources naturelles (mines, forêts, pétrole et gaz), créer une banque à propriété collective, une société d’État pharmaceutique et voir aussi à ce que l’importation des aliments et du pétrole soit sous l’autorité des gouvernements. Reprendre le contrôle collectif des voies ferrées, de l’internet, des réseaux sociaux tels que les GAFAMS, ben voyons donc, c’est pas pantoute réaliste et pragmatique. Je vous le redis : pour être présent dans nos médias, qui ont la prétention de servir de modèle, de professionnalisme et de neutralité dans le monde, il faut rester dans le cadre des paradigmes qui nous sont imposés par les puissants. Quitte à passer pour un fou et à continuer à être flushé, il faut continuer à dénoncer l’hypocrisie, les mensonges et les prétentions de l’élite et de ses subordonnés que sont la majorité des élus, des médias, des universitaires, des experts et autres. Aie, nous faite accroire que nous sommes libres et vivons pleinement en démocratie car nous avons le privilège de voter à tous les 4 ans pour des partis politiques qui se ressemblent tellement qu’ils ne font qu’un, dont les politiciens sont interchangeables et passent souvent d’un parti à l’autre et que les meilleurs d’entre eux proviennent de grosses entreprises privées. Arrêtez donc de vous faire rire en pleine face.
Monseigneur Helder Camara
Le brésilien Helder Camara (1909-1999), qui fut évêque de l’un des diocèses les plus pauvres du Brésil et plusieurs fois menacé de mort par la dictature mené par les puissants du pays, a bien résumé la fourberie des dirigeants de nos soi-disantes démocraties dans lesquelles les vertus de partage, d’égalité et d’équité doivent être appliquées grâce à la charité privée avec ses ridicules guignolées des médias, ses bals de la pauvreté, ses clubs des petits déjeuners, ses fondations privées qui s’apparentent à des structures d’évitement fiscal, etc. Monseigneur Camara a tenu ces propos plein de lucidité et de vérité : «Quand je donnais aux pauvres et que j’organisais des campagnes et des levées de fonds auprès des pachas et des nababs, les riches me considéraient comme un saint et j’étais invité partout (car il s’inscrivait très bien et harmonieusement dans le système). Mais quand j’ai commencé à expliquer aux gens pourquoi ils étaient pauvres et ce qu’il fallait faire pour changer véritablement le système et mettre fin aux injustices, on m’a traité de communiste, de naïf et de révolutionnaire et on m’a rejeté». Il n’était plus pour eux un modèle car il a refusé de servir de caution et d’être un faire-valoir (Prions en Église, 27 novembre 2009 et juillet 2019).