
Fitz et le boutte du boutte
Dites-moi, je vous en prie, que je rêve. Voilà que le super ministre caquiste de l’Économie et de l’Énergir, Pierre Fitzgibbon, qui a été mis à sa place plusieurs fois par la commissaire à l’éthique pour son manque d’éthique, fait la leçon et la morale à la population du Québec en nous appelant à «sobriété énergétique : il va falloir baisser votre chauffage» (Le Journal de Montréal, 2 décembre 2022). Pas seulement baisser le chauffage, mais laver sa vaisselle la nuit, tenir les rideaux ouverts en tout temps, prendre sa douche à l’eau froide, ne pas prendre de bain qui consomme trop d’eau (pas dans un esprit de réduire le gaspillage de l’eau, mais pour baisser notre consommation d’électricité que nous avons en abondance mais qu’il faut réserver à d’autres) à moins de le prendre toute la famille en même temps ou à la queue leu leu : bonne chance au dernier. Fitz, comme d’autres élus, nous prend pour des ignorants faciles à manipuler et à infantiliser. Et on accepte ça sans rien dire, comme on s’écrase docilement, au nom du respect de l’ordre et des institutions, aux hausses de prix de l’essence et des aliments, justifiées par des mensonges de premier ordre et imposées par les grosses compagnies pour leur propre profit et celui de leurs actionnaires. Fitz parle comme si Hydro lui appartenait.
Il faut se tenir debout
Heille, il faut se réveiller, même si la machine à endoctrinement nous mitraille, que ce soit le patronat, ses élus, ses médias, ses universitaires et autres experts autoproclamés et affranchis. Même si c’est le Québec qui fait le plus appel au privé (privé mais full subventionné) en santé et en éducation, la CAQ nous annonce en grande pompe l’ouverture, pas de simples cliniques, mais d’hôpitaux privés financés à 100% par l’État. Et on ne bronche même pas, et nos médias applaudissent en cachette. En plus, on les croit quand ils nous disent que le privé va améliorer le système ainsi que les urgences, et que l’on va tous avoir un médecin de famille.
Les épiciers, les importateurs (Dole, Chiquita et cie), les gros propriétaires de terres agricoles et les pétrolières étrangères, qui sont propriétaires de notre ressource naturelle, augmentent, pour des motifs mensongers, mais que nos universitaires, nos médias et nos politiciens prennent pour du «cash» (ce n’est pas voulu par les transnationales du tout : c’est seulement l’application des lois naturelles du marché qu’elles disent) et nos gouvernements, au lieu de mettre fin à cette arnaque en plafonnant les prix de détail, financent ces fripouilles en versant des fonds publics aux gens afin d’amortir le choc inflationniste. Et les pseudo-cadeaux que les caquistes vous font, ils vont prendre l’argent où, selon vous? L’argent ne tombe pas du ciel, pour reprendre une expression populaire. Bien non, les banques n’y sont pour rien à l’inflation, car elles ne vendent plus de contrats à terme et ne spéculent plus sur le pétrole, les métaux, le blé, etc., comme elles ont déserté les paradis fiscaux.
Et Hydro vous est dérobée au profit de la caste dominante
Sérieux, grouillez-vous le derrière. Au moins, protestez! Hydro-Québec nous appartient collectivement. C’est la population courageuse qui a nationalisé ce joyau public qui appartenait jadis à des intérêts privés américains sous le slogan «maîtres chez nous». Eh bien, depuis 1960, nos gouvernements ont effacé tous les gains que la population avait effectués afin de s’approprier ses propres ressources naturelles et ses services publics et instaurer une politique fiscale régressive, en ratatinant le rôle de l’État, en privatisant, en détaxant les profits et la richesse, en signant en catimini des traités de libre-échange, en sabrant dans nos programmes sociaux, en dopant les subventions aux entreprises, etc. Il faut voir la réalité en face : au Québec et au Canada, nous sommes maintenant locataires dans notre propre pays et notre maître ce sont les États-Unis qui sont censés être nos alliés et nos amis. J’espère que vous n’êtes pas assez naïfs pour croire que le Québec et le Canada sont des pays souverains, démocratiques et libres dans lesquels c’est le peuple qui mène. Pour les privatisations d’Air Canada, du CN et de Pétro-Canada; pour les traités de libre-échange et pour la défiscalisation des entreprises, vous a-t-on consulté? A-t-on tenu un référendum?
Hydro au service de ceux qui se sont opposés à sa nationalisation et qui prônent l’État minimal
Idem pour le démantèlement continuel d’Hydro-Québec au profit des affairistes qui paient leur électricité à moins de 4 cents le kilowattheure (centres de données, serres qui font pousser du cannabis et des légumes en s’appropriant des terres agricoles), mines, alumineries, forestières) alors que nous les propriétaires on nous facture environ 12 cents le kWh (incluant la TPS, la TVQ et autres frais de réseau que les compagnies n’ont pas à payer). Du vrai vol. Nos potiches de politiciens à la solde et sous influence font tout ça sans même demander notre avis : ils nous mettent toujours devant le fait accompli. Et ça vient nous dire que l’on gaspille l’électricité alors que déjà ça représente une dépense importante : ben oui, l’hiver on laisse les portes et les fenêtres ouvertes.
On vient d’annoncer en grande pompe l’exportation de notre électricité dans les États de New York et du Massachussetts à un coût d’environ six cents le kWh alors qu’Hydro-Québec paie son éolien privé à plus de dix cents le kWh dans la majorité des contrats signés en catimini ces dernières années. Et on pousse l’affront jusqu’à vous dire que cela est le klondike pour le Québec et les Québécois avec la joviale collaboration de nos médias qui sont partie prenante de notre aliénation. Hydro-Québec paie aussi plus de 10 cents le kWh pour l’électricité produite par les nombreux barrages privés donnés en cadeau à des arrivistes et par les usines de cogénération des papetières qui vendent toute leur électricité à Hydro à environ 4 cents le kWh : «Tembec profitera durant de nombreuses années de revenus de vente d’électricité à prix fort à Hydro-Québec» (La Presse, 31 janvier 2014). En passant pour vous culpabiliser, les élus et leurs experts affirment que les Québécois sont parmi les plus gros consommateurs d’électricité en Amérique du Nord, sans compter que les hivers sont plus froids et longs qu’à New York, à San Diego et même qu’en Colombie-Britannique et qu’en Ontario.
On ne peut pas faire plus colonisés
Vous voulez une autre preuve de la petitesse de nos médias? J’ai un bon exemple pour vous. C’est connu, les Centres de données installés au Québec et détenus par les multinationales américaines milliardaires comme Google et Amazon créent peu d’emplois et paient leur électricité environ 4 cents le kWh. Pourquoi selon vous que c’est au Québec qu’ils préfèrent s’implanter? Si c’est si bon que ça, pourquoi l’Ontario, New York, le Vermont, etc. n’offrent-ils pas des tarifs inférieurs à ceux d’Hydro-Québec? Nos élus, sous l’emprise des lobbyistes, nous ont embarqué dans cette coûteuse galère sans jamais nous avoir demandé notre avis et aussi sans aucune étude sérieuse à l’appui de leur folie dont les coûts seront assumés par les Québécois. Et le Journal de Montréal du 17 janvier 2018 qui titre : «Hébergement de données : la nouvelle vache à lait d’Hydro-Québec». Vraiment ridicule et pathétique. Allô vache à lait! Vache à lait pour les transnationales mais certainement pas pour Hydro et les Québécois. Bah, le JDM c’est le JDM!
Et on interdit à Hydro de se lancer dans l’éolien qui est réservé au privé
Résumons : on vend notre électricité aux centres de données, aux serres de cannabis, aux minières, aux alumineries très polluantes, aux forestières à 3 ou 4 cents le kWh mais Hydro-Québec le paie plus de 10 cents le kWh des petits barrages, des usines de cogénération et de l’éolien privé appartenant majoritairement à des étrangers, comme dans «Les Québécois paient les tarifs d’énergie éolienne (privée) les plus élevés en Amérique du Nord» (Le Journal de Montréal, 17 mai 2018). C’est en partie ça, le fameux modèle québécois? Bien évidemment, appliquant religieusement le principe du moins de biens collectifs et de plus de privé, nos gouvernements ont interdit à Hydro-Québec d’investir dans l’éolien, préférant réserver cette manne lucrative ne comportant aucun risque, puisque Hydro achète toute l’électricité à gros prix plus ses raccordements au réseau, à des compagnies étrangères et cela ne dérangeait aucunement les libéraux de Philippe Couillard et de Pierre Moreau, bien au contraire : «La propriété étrangère des parcs éoliens n’inquiète pas le gouvernement libéral» (Le Journal de Montréal, 28 octobre 2017). Gang de vendus qui ont toujours eu à cœur la minorité anglophone au Québec et les opportunistes du privé au détriment de l’intérêt collectif et du bien public. Une drôle juste pour changer le mal de place : «Éolien privé : les grands consommateurs (compagnies) ne veulent pas payer» (La Presse, 11 mai 2013). Qui paie alors?
Pour le scandale de l’éolien privé qui nous vend notre électricité très cher, et du temps qu’il était député péquiste, il avait publié cette opinion dans La Presse du 18 septembre 2009 : «Nationalisons l’éolien. Hydro-Québec doit en devenir le maître d’œuvre». Il pensait comme moi. J’espère que Bernard Drainville n’a pas changé d’idée depuis qu’il est devenu ministre caquiste. Mais c’est comme ça, les girouettes changent souvent d’idées.
Eh, oh, Fitz, arrête d’écoeurer le monde ordinaire et demande aux parvenus de l’éolien de baisser leurs tarifs, arrête d’offrir des taux bonbons aux centres de données, aux serres, à l’exportation et mieux, mets fin à ces folies. Et cesse de nous servir tes âneries. Baisser les tarifs chargés aux Québécois, de vraies retombées économiques pour le Québec.